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Salé - sucré...

  Bonjour, L'art culinaire est, chez nous, une affaire de famille qui se partage. Et comme nous aimons archiver les bonnes recettes, qu'elles soient simples recettes du quotidien, recettes de familles, ou repas festifs... il nous faut à chacun un livre de recettes personnalisé....  Cette année je me suis donc penchée sur la question, pour mon fils qui voulait consigner dans un carnet ses recettes préférées!! Toujours aussi difficile pour un garçon de trouver des modèles aux point de croix, pas trop.... kitch... Mais grâce aux modèles de Véronique Enginger, j'ai trouvé le modèle idéal... et après de longues heures de broderie sur un torchon, ce qui rajoute une certaine difficulté car il est très difficile de broder sur les lignes colorées du torchon, voilà le résultat: J'ai un peu modifié le modèle de base, en enlevant deux gâteux pour les remplacer par des légumes et, en changeant le titre "Mes desserts" en "Mes recettes" de façon à ce que le recueil

Histoire du point de croix : DMC une histoire de fils depuis 250 ans




Histoire du point de croix, au fil des jours.

DMC : une histoire de fils depuis 250 ans



Assortiment de fils DMC de différentes époques (collection personnelle)
Aujourd'hui, il n'est pas une brodeuse qui ne connaisse les cotons moulinés DMC. D'ailleurs les légendes des couleurs qui accompagnent la plupart des grilles de point de croix proposées dans les livres, les magazines ou les kits sont le plus souvent piochées dans l'impressionnante gamme de coloris que propose cette marque de coton à broder. L'histoire de l'entreprise DMC, véritable saga familiale a démarrée il y a 250 ans. Ce n'est pas la production de fils qui constitue l'activité initiale de cette étonnante entreprise, mais celle de cotonnades imprimées.

Dès le XVIIème siècle, les cotonnades imprimées venant des Indes, véritables toiles peintes, sont très prisées. La légèreté du tissu, la gaité des couleurs sont en partie responsables de ce succès. Mais elles sont à l'époque un produit couteux du fait de leur technique de production. Les fabricants d'étoffes européens, tentent alors de reproduire ces cotonnades, appelées " indiennes " en modifiant le mode de fabrication : les toiles sont alors imprimées avec des blocs de bois gravés. Cela permet d'augmenter la productivité, de diminuer les coûts et de toucher plus de consommateurs. Une des plus célèbre étoffe de cotonnade dite indienne est la toile de Jouy qui est fabriquée par Christophe-Philippe Oberkampf en 1760. 

Exemple de toile de Jouy,
musée de la toile de Jouy, Jouy-en-Josas

En France, Louis XIV interdit par décret royal l'importation et la fabrication de ces indiennes en 1686, afin de préserver la production des soieries lyonnaises (voir article antérieur: Ici). Cet interdiction sera levée en 1679 grâce à l'intervention de Madame de Pompadour


Mulhouse est alors rattachée à la Suisse et n'est donc pas soumise à l'interdiction royale. 
C'est pourquoi Samuel Koechlin, Jean Jacques Schmalzer, Jean-Henri Dollfus et Jean-Jacques Feer peuvent se lancer dans la fabrication des ces indiennes tant recherchées. En 1746, ils ouvrent leur première manufacture. Un an plus tard, ils se séparent, mais Jean-Henri Dollfus et son frère Jean Dollfus poursuivent cette activité et créent leur propre manufacture d'indiennes sous le nom de Dollfus Vetter et Cie. Ils en assurent la direction. 

En 1800, Daniel Dollfus, le neveu de Jean Henri Dollfus, épouse Anne-Marie Mieg et reprend l'affaire familiale qui devient le 21 mars 1800 la société Dollfus, Mieg et Cie : la célèbre entreprise DMC est née. En 1806, l'entreprise est primée pour la qualité de ces cotonnades. En 1807, la firme DMC installe la première machine à imprimer au rouleau de cuivre en douze couleurs pour la production de ces cotonnades. Mais, au fil du temps, cette activité sera de moins en moins rentable et la fabrication des indiennes sera définitivement arrêtée en 1888. 


Entre-temps, l'entreprise, reprise par leur fils Jean Dollfus 
qui a participé à l'amélioration des conditions de vie des ouvriers et dirigé l'entreprise jusqu'en 1877, a développé une autre activité, celle de la filature. Cette nouvelle aventure, impulsée par Emile Dollfus, son frère, a permis de faire prospérer et de pérenniser l'entreprise DMC. Ainsi, en 1841, DMC crée son premier fil à coudre pour tout usage, le fameux "fil d'Alsace" vendu en bobines et pelotes. Cette nouvelle présentation est assez révolutionnaire pour l'époque car la vente de fil était souvent réalisée au mètre. 

1843, Frédéric-Engel Dollfus, le gendre de Jean Dollfus développe la production de fils à broder. Il est resté dans les mémoires, pour ses nombreuses actions philanthropiques et sa participation à la promulgation de lois en Allemagne (1871) et en France (1874) pour l'amélioration des conditions de travail des ouvriers dans le domaine de la sécurité et de la salubrité. Il fonde également l'école de filature et de tissage de Mulhouse qui est aujourd'hui l'Ecole Nationale d'Ingénieur Sud Alsace.

Premier emblème de la Maison DMC

En 1850, le fils de Jean Dollfus, réalise ses études en Angleterre et découvre la technique du mercerisage inventé par le chimiste John Mercer. Cette technique consiste à passer le fil de coton à la soude caustique pour le rendre à la fois plus solide et plus brillant. La qualité et la brillance de ce nouveau fil rivalise avec le fil de soie. DMC crée la première machine à merceriser le fil et la devise de l'entreprise devient : 
John Mercer

" D'un fil si fin, on tisse un grand ouvrage " 
" Tenui filo magnum texitur opus "





Cet emblème est remplacé par celui de la cloche vers 1870 en référence à la cloche qui sonnait dans tout Mulhouse, rythmant les journées de travail des ouvriers


Jean Dollmus rencontre Thérèse de Dillmont lors de l'exposition universelle de 1878. Elle est alors membre de l'académie de broderie de Vienne et Jean Dollmus réussira à la convaincre de fonder sa propre école de broderie à Dochnard. 

En 1886, elle publie l'Encyclopédie des ouvrages de dames" qui sera éditée à 2 millions d'exemplaires, dans 17 pays. L'oeuvre de Thérèse de Dillmont contribue incontestablement au développement de la notoriété des fils à broder DMC à travers le Monde. 
Elle participe également à la publication de "l'alphabet de la brodeuse".





Je n'ai pas résisté: j'ai brodé une couverture pour mon précieux livre !



Vue de l'usine DMC (couvercle de boîte à coudre), après 1886, impression en noir, 9X18 cm).
Musée DMC, Mulhouse-Dornach.
Il faut attendre 1899 pour que l'entreprise produise ses premiers fils moulinés: l'utilisation du coton à broder est une innovation dans ce domaine. Jusqu'à cette date, les broderies sont réalisées avec des fils de lin, de laine, de soie ou d'or. Ce nouveau fil est composé de six brins de fils moulinés, c'est-à-dire tordus ensemble. C'est l'invention de l'article 117 (le mouliné), dont fait partie le célèbre " Rouge du Rhin " qui a servi à broder nombres de trousseaux, de génération en génération. Ce nouveau fil va séduire immédiatement les brodeuses par la variété des couleurs proposées: 360 dès son invention et par sa qualité et sa brillance réalisées grâce à la technique du mercerisage. 

Publicité pour les fils DMC dans la revue "La mode illustrée (11 septembre 1898)
Pendant la première Guerre Mondiale, l'usine DMC tourne au ralenti.  En 1923 elle est transformée en Société Anonyme de droit français et se concentre sur la production exclusivement de fils à coudre, de fil de coton, de lin et de soie pour la broderie, le tricot et le crochet sous la marque DMC. En 1934, l'entreprise lance sa première éditions mensuelles de modèles de broderie "Jeux d'aiguilles".



Ces boîtes datent des années 1950 (collection personnelle)

En 1963, DMC fusionne avec la société J. Thiriez pères et fils et Cartier-Bresson qui est elle-même est le résultat d'un fusion, en 1931, de la maison Thiriez (JTPF) et de la maison Cartier-Bresson, producteur de fils et dépositaire depuis 1825 de la marque "CB à la croix". Ces entreprises produisent des fils à coudre. Le logo de la marque Thiriez est une tête de cheval tournée vers la gauche. Il représente les manèges à chevaux qui actionnaient les métiers à filer et remplaçaient les métiers à bras. 



La tête de cheval vient alors se substituer à la cloche et s'ajoute aux initiales DMC. En 1980, la tête de cheval est tournée vers la droite pour marquer le souhait de tourner l'entreprise, vers l'avenir. Dans les années 1990, l'entreprise ouvre une chaîne de magasins "Loisirs et Créations" : apparaît alors sur le logo de la marque la mention "Creative world".



Evolution des logos de la marque DMC (collection personnelle): D'abord les coton sont marqués DMC, puis apparaît en 1870 la cloche qui sera remplacée par la tête de cheval suite au rachat de l'entreprise Thiriez en 1961.

Dans la deuxième moitié du XXème siècle, l'entreprise diversifie son activité : fermeture à glissière, tissage, imprimerie sur étoffes, éditions de livres spécialisés. Mais la concurence asiatique et le choc pétrolier de 1970 mettent en difficulté la société qui verra progressivement ses effectifs diminuer. Puis de restructurations en erreurs stratégiques la société est mise en liquidation judiciaire. Elle est rachetée en 2016 par les fonds d'investissement britannique BlueGem Capital Partner.


Au fil du XIXème et XXème siècle la gamme de coloris n'a pas cessé de s'étendre : encore 35 nouveaux coloris cette année.



"Les  fils DMC et vos créations représentent 250 années de tradition and une éternité de souvenirs". (Site DMC)

                                                                    A suivre....

Les sources :
  • "La broderie au point de croix" Nathalie Bresson, 2006, ed. OUEST FRANCE
  • " Mercerie d'Antan " Sajou, Frédérique Crestin-Billet, 2015, ed. SIC
  • Dollfus-Mieg et Cie, sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Dollfus-Mieg_et_Compagnie consulté le 12 mars 2018
  • Histoire de DMC sur https://www.dmc.com/fr/p-dmc-histoire.html, consulté le 13 mars 2018
  • Histoire de D.M.C. Deuxième période : 1850-1960 sur http://www.thiriez.org/dmc/dmc2.htm, consulté le 13 mars 2018
  • " Naissance des grilles " sur https://www.anniecicatelli.com/grilles.htm, d'après " Autour du fil, l'encyclopédie des arts textiles", Editions Fogtdal, Paris, 1998, volume 3", consulté le 14 mars 2018
  • Histoire des indiennes de coton en Europe sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_indiennes_de_coton_en_Europe, consulté le 15 mars 2018
  • Extraits de la plaquette " Splendeur des indiennes de Bolbec" réalisée par Alain Avenel et Raymond Bernard sur http://www.ot-bolbec.fr/indienne.htm, consulté le 15 mars 2018
  • Pierrot, N. (2002). Mulhouse, berceau de l'imagerie industrielle: Origines, transmission et fonctions des Manufactures du Haut-Rhin. Hypothèses, 5, (1) 103-114.doi:10.3917/HYP.011.0103 sur https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2002-1-page-103.htm, consulté le 17 mars 2018.
  • Toile ds Jouy sur http//www. muséedelatoiledejouy.fr/fr:acceuil/, consulté le 17 mars 2018.


Commentaires

  1. Ouah ! J'avais vraiment loupé quelques chose. Heureusement que tu m'as rappelé ton article. Il est super intéressant et j'ai appris plein de choses. Tu as fait un sacré travail de recherche. Bravo !

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    1. Ah, je suis bien contente que tu apprécie mes petites chroniques historiques. Lulu a bien aimé aussi cet article ! c'est un peu de boulot comme tu dis, surtout quand les 3/4de l'article disparaissent de mes brouillons!

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